10 minutes dans la tête d’un autiste

Par Sabrina St-Onge

10 minutes dans la tête d’un autiste

Pour plusieurs, les connaissances sur l’autisme se limitent au visionnement du film Rain Man.  La nouvelle série sur Netflix nommée « Atypique » est un autre exemple.  On ne devient pas expert en autisme en visionnant des films !

Je n’ai pas la prétention de me nommer experte en autisme, mais si vous prenez dix minutes pour lire cet article, vous comprendrez un peu mieux ce qui se passe dans le cerveau d’une personne autistique.

 

L’autisme… une maladie ?

 

D’abord, l’autisme, ou plus exactement le trouble du spectre de l’autisme (TSA), n’est pas une maladie. Cela signifie qu’une personne ne peut pas en guérir. Il n’existe donc pas de médication pour traiter l’autisme. Les produits naturels et les changements alimentaires ne guériront pas l’autisme.

 

Un trouble neuro-développemental

 

C’est plutôt un trouble neuro-développemental, dont la cause est encore peu connue. Le cerveau d’une personne atteinte d’autisme n’est pas connecté de la même façon qu’une personne neutotypique (non autiste). Le problème vient donc d’une sur-connexions dans certaines zones du cerveau.

 

Un cerveau visuel

 

Les différences de connexions du cerveau ont pour effet une plus grande facilité à traiter les informations concrètes et perceptives. Les personnes TSA ont un cerveau « visuel » où toutes les informations doivent être traitées par les yeux pour être comprises et enregistrées.

Par exemple, si une personne autiste se fait toucher le bras, elle doit pouvoir associer le visuel du toucher avec la sensation sur son bras, pour être capable de comprendre l’information. Si un autiste est touché dans son dos, il ne pourra pas voir le toucher. Il restera donc pris avec une empreinte désagréable dans le dos pendant des heures, car il n’arrivera pas à traiter l’information. Une information qui ne peut être associée à du visuel est un non-sens. Les non-sens causent un déséquilibre interne chez la personne TSA. Cela occasionne souvent de l’anxiété et parfois des crises.

 

Un cerveau en conduite « manuelle »

 

Chez les non autistes, il est facile de percevoir les informations de l’environnement (ex : température, lumière) et même les signaux envoyés par le corps (ex : fatigue, faim, douleur). Les non autistes décodent aisément l’information et savent quoi en faire sans trop réfléchir (ex : régler la température du thermostat, s’habiller plus chaudement, faire une sieste, manger une collation).

Pour une personne autiste, toutes les informations reçues par les cinq sens doivent être traitées individuellement, une par une, de façon manuelle. Cela peut devenir très laborieux et le délai de traitement est beaucoup plus long que chez les neurotypiques.  Cela occasionne, chez la personne TSA, de l’épuisement et des maux de tête.

Dans des situations nouvelles, les personnes autistes sont très souvent déstabilisées. Elles parviennent à traiter et reconnaitre seulement les informations qui leurs sont déjà connues. Une fois la situation reconnue, la personne peut avoir accès dans son cerveau au bon schéma d’actions à poser (ex. : en cas de pluie, il faut localiser un parapluie, se pencher pour le saisir et le transporter avec soi à l’extérieur). En cas de situation inconnue, aucun repère n’est disponible pour savoir comment réagir.

 

Les gestes « étranges »…

 

Il est surprenant de savoir que partout dans le monde, les personnes atteintes d’autisme font les mêmes gestes appelés « manifestations autistiques ».

Ces gestes jouent un rôle important dans le développement de la personne autistique. En fait, elle est toujours en recherche d’équilibre interne. Dès que son environnement change, cela crée un déséquilibre. Le corps vient en aide au cerveau, par ces gestes, pour maintenir un équilibre. Dès que le cerveau est capable de fonctionner seul, les gestes cessent.

Il ne faut surtout pas empêcher une personne autiste de faire ces gestes, qui sont essentiels à son fonctionnement. On ne peut pas guérir un autiste en étouffant ces gestes. La personne ne deviendra pas moins autiste si on l’empêche de faire ces gestes!

 

Certains feront ces gestes toute leur vie, d’autres vont atteindre des stades de développement plus élevés et n’auront plus besoin de les faire. Les gestes autistiques pourraient réapparaître occasionnellement, en renfort, lors des situations trop complexes à traiter.

 

Le “hand flapping”…

 

Comme une vidéo vaut mille mots, je vous invite à visionner cette vidéo et observer les gestes autistiques. Vous remarquerez ceci :

  • Le battement d’ailes ou « hand flapping » : cela signifie que la personne vit des émotions! Le battement d’ailes apparaît souvent lorsque la personne vit des émotions positives ou un mélange d’émotions juste avant une crise. Vous remarquerez les mêmes gestes chez les bébés de 9 mois.

 

En ergothérapie, je peux aider les parents à mieux comprendre le trouble. Une meilleure compréhension permet de poser de meilleures actions pour aider son enfant. Cela permet de réduire l’anxiété chez l’enfant et de vivre plus de moments heureux, tout en le respectant tel qu’il est sans essayer de le transformer en non autiste. Un ergothérapeute peut vous aider à faciliter le quotidien de votre famille!

Source : Ma référence principale pour cet article est un livre extrêmement intéressant et accessible pour tous les gens qui souhaitent démystifier l’autisme. À lire ! Les auteures sont des expertes en autisme, c’est une source fiable. Le livre a été présenté sur le plateau de Tout le monde en parle . 

L’autisme expliqué au non autiste , Trécarré, Brigitte Harrisson et Lise St-Charles

À consulter :

Saccade, Centre d’expertise en autisme

 

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